Question d'habitude

29 janvier 2019 par
Question d'habitude
Eric Geerdens

 
 

Lorsque  ce matin à 7h30 le thermomètre affichait -3° il était impératif de bien  s'habiller pour ne pas avoir les doigts tout bleus et la goutte gelée  au bout du nez.

Ici, la première tâche à faire chaque jour est de  vérifier si, surtout par ce temps froid, que les grands filets dans  l'abri au fond du PP soient remplis. 

Cet abri se trouve à l'endroit  le plus venteux et le plus froid du PP mais surtout le plus éloigné.  Les chevaux aiment y aller. 

Une fois de plus ce matin, et cela  grâce à la neige fraîche tombée hier en début de soirée, je peux  constater leurs déplacements durant la nuit. On y trouve une multitude  d'informations. Le nombre de crottins proches de l'abri ou dans l'abri,  les empreintes dans la neige à certains endroits précis ou tout le long  du PP. Sont-ils plutôt restés dans le hangar complètement protégés à  manger dans les filets à foin, etc.... 

Cela me permet de me faire une idée de l'activité durant la nuit puisque moi à ce moment-là.... je dors.

Mais surtout l'information qui m'intéresse le plus est de savoir: où ont-ils dormi ou du moins où se sont-ils reposés ?

Et en cherchant bien, généralement on trouve des indices. 

Cette nuit, le thermomètre a affiché un -4° au moment le plus froid  contre la maison et qui se trouve à l'endroit le mieux protégé.  L'emplacement de l'abri du fond avec les 3 grands filets à foin étant le  plus haut et le plus exposé a probablement enregistré un -5°. Ce qui  est disons-le, plus que frisquet. 

C'est à 10 mètres de cet  abri que j'ai trouvé les empreintes de 5 corps dans la neige, éloignés  les uns des autres de 2/3 mètres,  un peu comme les huskys qui dorment  dehors en hiver parfois par -30° voir plus et au matin qui s'extirpent  de leur manteau de neige.

En revenant au hangar, où ils peuvent  rentrer et sortir à leur guise jour et nuit, je n'y ai trouvé que très  peu de crottins. La réponse à ma question commençait à prendre forme.  Pour en avoir le coeur net, je suis reparti dans les couloirs et là,  sans surprise, j'y ai trouvé des crottins frais à peine recouverts de  neige et pas mal d'empreintes tout le long du parcours.

Et puis  en les regardant faire leur vie ce matin, je me suis rendu compte  d'abord qu'ils étaient magnifiques par ce temps, mais surtout sereins ce  qui démontrait qu'ils se sentaient bien.

Par plaisir,  j'ai essayé d'imaginer le scénario:

Il neige et ensuite le froid devient de plus en plus piquant lorsque la  nuit tombe. Ils savent qu'il y a du foin à deux endroits éloignés l'un  de l'autre. Ce sont des grands maintenant ils peuvent décider où aller.  Ils ont décidé de passer la nuit là-bas au fond, au froid et proches des  filets remplis pour la nuit (à l'opposé de l'eau puisque elle se trouve  proche du hangar). Ils s'y sont reposés à leur aise et en toute  quiétude. Ce matin leur pelage était brillant, soyeux, propre mais  surtout ils sentaient extrêmement bon. J'étais simplement heureux une  fois de plus de constater cela. 

Dans la vidéo, on voit les  traces au sol des chevaux proches de l'abri du fond où se trouvent les  filets. On voit bien que cet environnement est ouvert, dégagé et c'est  justement à cet endroit qu'ils ont choisi pour s'y reposer. 

La suite de la vidéo étant le moment pendant lequel ils mangent du foin le long du parcours pour favoriser le mouvement.

Que peut-on conclure? 

Que les chevaux ont une réelle capacité naturelle à affronter des  conditions climatiques rudes. Pour cela nous devons veiller à leur  offrir la possibilité de développer ces caractéristiques et qualités  physiques qui font qu'ils pourront affronter ces conditions sereinement.  
On peut dire aussi qu'ils aiment le froid, intense, sec. 

Que ce froid les rend simplement vifs et heureux. Ce n'est pas pour  rien qu'ils ont traversé sans soucis les périodes glaciaires récentes  tel que le Pléistocène allant de 2.58 millions d'années à 11.700 ans  avant le présent. 

Ceci dit, je ne parle pas des vieux chevaux,  très jeunes ou malades qui ont des besoins plus spécifiques dont les  propriétaires savent ce qui leur convient le mieux.

Alors vive la  neige et le froid ... Mais sachez que l'ennemi n°1 du bonhomme de neige  restera à tout jamais le cheval..... parce qu'il lui mange le nez sans  crier gare!!!